Shiwoo avait eu besoin de quelques semaines pour se refaire des contacts fiables sur l'ile, mais maintenant que c'était fait, il pouvait s'amuser un peu plus librement certaines nuits. Avec de la persuasion et une belle somme d'argent, le mannequin avait réussi à privatiser le bar Under Cover. Des employées bien rémunérées pour la soirée afin qu'elles taisent ce qu'elles pourraient voir. Des invitations données à quelques personnes de confiance, leur permettant de ramener un ou deux convives également, du moment que ce n'était pas des gens qui risqueraient de mettre Shiwoo dans le pétrin.

Vêtu d'un pantalon à taille haute serrant la chemise blanche fluide qu'il portait, pas besoin de veste puisqu'il serait dans une pièce réchauffée par la présence d'autres humains et surement certains ou certains bien proches de lui. Pas besoin de cacher ses tatouages lorsqu'il se met dans la peau de Jay. Son petit sac de sport avec lui, sa petite bouteille d'oxygène portative et quelques sachets opaques de sa possible revente de la soirée. Il devait d'ailleurs voir celui qui "travaillait" avec lui pour parler de quelques potentiels clients.

Une fois arrivé sur place, en premier pour faire les vérifications lui même. Il salue le propriétaire aimablement et cache son sac derrière le canapé qu'il compte occuper un peu à l'écart. Un tour de l'établissement, rencontrant chaque demoiselles du personnel qui resterait, le moins possible évidemment. Le barman et tout lui semble bon. Il laisse donc partir ceux qui ne sont pas nécessaires par leur présence et fait placer deux videurs à l'entrée alors que les premiers invités commencent déjà à arriver.

Installé sur le canapé, un verre à la main et une jambe croisée au dessus de l'autre, il a une vue parfaite sur l'entrée. Légèrement surélevé par rapport au reste de la salle, la musique un peu forte et des clients s'installant ici ou là. Shiwoo fait un geste de la main vers celui qu'il attendait et le laisse s'installer à ses côtés.

- Alors, tu as ce que tu m'avais promis ?

L'autre homme tend une liste au mannequin, qui décroise les jambes pour appuyer ses bras sur ses cuisses et parcourir les informations données. Un remerciement et il glisse les feuillets dans son sac de sport à ses pieds. Une demoiselle vient déjà se caler tout contre lui, une amante qu'il avait déjà eu et qui revenait vers lui de façon plus ou moins régulière. Shiwoo n'avait rien contre le fait d'avoir plusieurs fois la même ou le même partenaire, profitant simplement de ces moments de plaisir partagés. Pourtant, il n'était jamais contre de nouvelles conquêtes également.  

Lullaby des âmes impures, la nuitée prononce les syllabes des prières du malin. Profanation séraphique. Les damnés tanguaient dans un tango endiablé. Un pas qui caresse le sol, une légère griffure sur le parquet. Puis l’essoufflement, les griffures du démon contre cette jugulaire pour l’oppresser de sa dominance. Le tempo orchestre une emprise sur la temporalité. Stagné. Rapide. Puis un baiser de Lilith. Les infidèles s’agenouillent devant la matriarche insoumise. Et l’âme sombre s’émerveille sous un drap immaculée et lumineux. Subitement, un claquement des mains, le monde chimérique s’amourache de la réalité. Désireux prince aux paillettes opalines. Gracieux sourire sur la surface de ses charnues pulpeuses. Le tapis rouge lui susurre une escorte d’anges. Son entrée épouse les premiers pas d’hercule vers le mont olympe. Les divers regards se délectent de cette cape scintillante, doux mirage enchanteur les âmes en quête de pureté à souiller.

Chérubin des convenances, son fin doigté s’approprie un verre sans une goutte d’alcool. Que de bienséance. Ses lèvres plongent dans le nectar pour s’imprégner de la saveur. Dans le point de vue de la boisson, elle semble se corrompre avec une goutte de venin. Le baiser aphrodisiaque du vampire. Douce métaphore rocambolesque qui lui sied à merveilles. La pulpe de son doigté s’appropriait l’un des glaçons de son verre pour le faire glisser sur ses charnues. Quelques gouttes s’écoulent sur son fin menton. Provocation d’un joyau presque inaccessible. Néanmoins, son regard en commissure s’attardait sur une magnificence médiatique. Un mannequin à la pupille perçante. Le bout de glace brise la barrière de ses lips, ses canines croquant dedans tel le fruit défendu. Une insolente esquisse profane son facial angélique. Simulacre d’un rôle parfaitement agencé. Sa muqueuse choie ces gouttelettes pour récolter les perles du glaçon.

Subitement, son essence s’élevait de son siège pour se tourner vers le modèle. Les œillades se perdent dans sa démarche ducale. L’harmonieux bienfaiteur à la sublime ramure s’émerveille dans un chemin tout tracé. La pureté maquillée par la malice de ses prunelles. Une douce révérence s’orchestre devant le minois de la personnalité. Toutefois, sa dextre se tournait vers la promise à ses côtés. Vermillon, ses pommettes furent le chef-d’oeuvre de l’artiste de la manipulation.

- M’accorderez-vous cette danse ? »

La délicieuse ne pouvait quémander de mieux en cette soirée. Batifoler avec le mannequin avant d’être sauvée par un prince charmant. Mais le conte merveilleux n’est qu’une stupide invention des rêveurs. Les fleurs bleutées peuvent s’écraser dans la poigne du vilain. Demoiselle dérobée au roi de la soirée, son regard perçant restait ancré dans les prunelles du modèle. 

- Je vous la ramène sans une égratignure.  »

Impudente taquinerie.

Les yeux parcourant cette liste importante pour ses affaires, il finit par la plier avec un hochement de tête satisfait, la glissant dans ses affaires. Demoiselle à son côté, pressant son corps à celui du mannequin, il passe un bras autour de celle ci en s'affaissant dans le canapé. Le regard se levant à nouveau vers la salle et la parcourant avant de trinquer avec sa connaissance et partenaire d'affaires. Jusqu'à croiser les pupilles de ce petit prince à l'air facétieux.

Quelques pas impudents dans l'espace personnel de Shiwoo, qui s'amuse intérieurement de le voir faire. Des regards qui ne se quittent pas alors qu'il quémande la main de la demoiselle à ses côtés. Sourcil haussé, avant de lever une épaule comme si cela ne le concernait pas vraiment. La jeune femme jette un regard vers son amant ponctuel, incertaine, avant de poser sa paume contre celle du petit prince et lever trop lentement son corps du sofa.

- Vous pouvez bien la garder pour la soirée si ça vous chante.

Ce n'était pas comme si d'autres mouches à miel ne tarderaient pas à s'approcher du roi de la ruche pour la soirée. Bien que son intérêt soit largement piqué par ce petit brun semblant cacher son jeu. Ses doigts tapotant et caressant le verre tenu, un semblant d'esquisse se formant au coin de ses lippes alors qu'il étend l'autre bras sur le dossier du canapé.

- Amusez vous bien.

Son visage complètement inconnu, Shiwoo se devait de faire confiance à celui ayant offert les invitations aux personnes nommées "de confiance" pour cette soirée particulière. Les iris tournés vers l'entrée, observant les videurs vérifier chaque entrée, rassurant le mannequin de cette organisation suivant son cours. Vidant alors la fin de son verre en faisant mine de se désintéresser des deux danseurs. Alors que bien au contraire, son attention se portait en grande partie sur eux. Non, sur Lui. Intrigué et fasciné à la fois.  

Simulacre d’une politesse, respect insufflé pour une pièce de théâtre. De ce faciès à la douceur exquise, son ombre hilare sous le tempo d’un gospel endiablé. Timide et pourtant dévergondée, la délicieuse exprime son plaisir comme son désarroi devant l’abandon de son bienfaiteur. Sa disgrâce ronge sa prestance sous-coûté. Les charnues de l’insolent séjourne près de cette ouïe pour lui proclamer monde et merveilles. L’édulcoration est de mise, le féérique se doit avoir une saveur de miel. Le sucré à la côte à l’amorce de la nuitée. Un soufflement de rire en commun, la jouvencelle s’extasie sous le mirage d’un idylle précaire. Néanmoins, son attitude virait dans une autre teinte. L’harmonieuse estompait son joli étirement dès lors que l’adonis lui accordait une douce révérence pour la laisser prendre son envole. Ses oeillades s’ancraient dans celles du mannequin dont le ressentiment de cette tension fut ressenti. Son index choyait ses propres charnues pour imposer un « chut ».

Subitement, le contact visuel fut détrôné par le mouvement de la jouvencelle qui marchait en direction de la célébrité. Prit dans une euphorie insoupçonnable, l’infidèle brisait la bouteille de champagne déposée sur la tablée pour réceptionner un morceau de verre. Son intention était lisible, celui de profaner la célébrité jusqu’à lui en faire couler son nectar sanguin. Bien rapidement, la sécurité arrêtait la névrosée pour l’emmener à l’extérieur du bar. Pendant cette activité forte en émotion, notre adonis s’était estompé de la salle pour séjourner à une table en pointant son cellulaire près de son minois. Entouré par son groupe encore estomaquée par l’activité récente, certains proclamaient la chance de l’étudiant qui aurait pu être touché par cette folie meurtrière. Néanmoins, ses mirettes restaient focalisées sur ce cellulaire. Un doux jeu de drague lui dérobait toute l’attention qu’il pouvait adonner à cette soirée.


- C’est plutôt dur la vie d’artiste. Se faire contrôler au début mais c’est sa partenaire qui lui voue une certaine haine…  »

- On est principalement trahi par les personnes qu’on aime sincèrement. Dire qu’un amour est non réciproque dans l’histoire… Ce sont souvent ceux qui souffrent le plus qui ne disent rien. Pauvre mannequin, sa vie semble si dramatiquement fascinante. »