OUTFIT.     ✧  le réveil a sonné tôt. trop tôt, comme souvent quand tu fais des gardes matinales à la maternité. mais tu as voulu tout ça. ce métier, c'est une raison de vivre pour toi. tellement à l'aise, tellement bien, au contact des familles, des parents, des nouveaux nés. tu ne changerais pour rien au monde. devenir médecin ne t'as jamais intéressé. et tout recommencer ici, sur ulleung, c'est parfait pour toi. reprendre une vie à zéro.
ou pas totalement.
parce qu'aujourd'hui, après ton shift, tu ne te diriges pas vers la maison, mais vers l'aéroport, à la recherche de la silhouette de ton petit frère, qui doit venir te rejoindre sur l'île. vie pas facile, accident qui repasse parfois en boucle dans ton esprit. les nouvelles que tu n'as pu avoir que difficilement, et tout le reste. les nombreux échanges avec vos parents, les inquiétudes à propos de sanghwa.

alors tu as proposé à ton frère de te rejoindre sur ulleung. pour l'avoir à l'œil ? peut-être bien aussi. tu t'inquiètes pour lui. tu l'as toujours fait. malgré vos différences d'âge, malgré vos différences de caractère. tu soupires un peu, mains au fond des poches, ton regard glissant ça et là sur la foule qui débarque de l'avion. plus que quelques minutes, certainement le temps pour hwa de récupérer sa valise.
sourire sur le visage quand tu le remarques un peu plus loin. tu t'approches un peu, lui faisant signe, avant de venir le prendre dans tes bras. — te voilà. tu souffles avec un sourire. — laisse moi prendre ta valise tu proposes doucement. — tu as fait bon vol ? tu questionnes en marchant tranquillement à ses côtés.

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il n'a pas envie d'être là. il n'a plus envie d'être là. d'exister.

pourtant, il est celui qui a pris la décision de venir. pas une seule fois ses parents l'ont forcé ; si ça ne tenait qu'à eux, il serait resté dans leur appartement à séoul. mais sanghwa n'en pouvait plus. il n'en pouvait plus du bruit de la ville, des médecins, de l'hôpital et de ces vautours de journalistes qui essayaient de grapiller la moindre informations.
mais il en faisait baver à ses parents, il le sait bien. la douleur le rendait invivable et ils ne méritaient pas ça. son humeur changeait pour un rien, le faisant passer du rire aux larmes en une seconde. il voyait bien que ses parents étaient tout autant perdus que lui.
alors quand sangcheol lui a proposé de venir, il n'a pas vraiment réfléchi.

le vol n'a pas duré bien longtemps, mais c'est suffisant pour qu'il grimace de douleur en se relevant. sa cane dans une main, une petite valise de cabine dans l'autre, son père porte son sac à dos et sa mère est partie récupérer la grosse valise.
le cliquetis de la cane contre le carrelage lui donne envie de pleurer et il enfonce un peu plus sa casquette sur sa tête pour cacher ses yeux humides. au moins, il est débarrassé des béquilles et du fauteuil. mais savoir qu'il ne pourra plus jamais marcher correctement lui donne envie d'abandonner.

et enfin, une silhouette familière apparaît. il laisse sangcheol le prendre dans ses bras, mais ne répond pas vraiment à l'étreinte. il entend la voix de sa mère derrière lui. oui, ça a été, ce n'était pas très long. il ne le sens même pas quand son grand frère attrape sa valise pour l'aider ; mais ça l'agace quand il s'en rend compte.

le trio avance hors de l'aéroport et tel une coquille vide, sanghwa les suit.

OUTFIT.     ✧  des retrouvailles avec ce frère que tu n'as pas vu depuis quelques mois déjà. que tu n'aimes jamais vraiment laisser ; parce que tu sais à quel point la situation est compliquée pour lui. tu ne sais pas ce que c'est ; mais tu le vois, visage fermé, la canne à sa main. et le reste. tu aimerais pouvoir l'aider, tu aimerais pouvoir trouver les bons mots. mais vous voilà adultes, et tout semble plus compliqué qu'à l'époque ou il était enfant et toi adolescent. ou il était adolescent et toi adulte.
le temps passe, la vie s'acharne, parfois.

tu prends sanghwa dans tes bras un instant, une étreinte qu'il ne te rend pas, mais tu ne t'en préoccupes pas. tu souris doucement, le débarrassant de sa valise pour le soulager -- essayant bien faire. tu prends ensuite tes parents dans tes bras, saluant père et mère. tu es heureux de les revoir. dans ces circonstances ? tu n'en sais trop rien, au fond. tu souris doucement, récupères la grosse valide de ta main libre pour libérer ta mère, avant de te diriger vers l'extérieur de l'aéroport. voiture que tu as acquises il y a quelques mois, que tu n'utilises pas beaucoup mais ... c'est bien pratique, n'est-ce pas ? tu n'es pas certain sur le long terme de la conserver, tu verras bien. il n'y a pas réellement besoin d'un véhicule, pour se déplacer sur ulleung.

installé dans la voiture, ton regard se pose sur hwa quelques secondes. — ça va ? tu demandes doucement, n'ayant pas encore entendu le son de sa voix pour la journée. — j'ai préparé la deuxième chambre de l'appart. elle est pas très grande, mais ... j'ai viré le plus de trucs possible pour que tu aies de la place. tu ajoutes en glissant une main dans tes cheveux. tu démarres, avant de prendre la route vers ton appartement.

.ೃ࿐  OUTFIT.   

quelques minutes plus tard, la petite famille est dans la voiture.

une jambe que sanghwa a réussi à plier, non sans quelques difficultés à cause de cette foutue canne qu’il ne sait pas trop où mettre sans assommer quelqu’un ; et une grimace de douleur qu’il n’a pas su cacher et qui lui a valu un regard rempli d’inquiétude de la part de sa mère. il décide d'ignorer sa question silencieuse, ne sachant pas comment son cerveau décidera de réagir.

son regard se pose sur l’extérieur, sur cette île qu’il est le dernier des bang à découvrir. il aurait aimé que ça se fasse dans de meilleures circonstances, mais ce n'est pas comme s'il avait réellement eu le choix.

avant de démarrer, sangcheol s’adresse à lui directement et leurs regards se croisent ; juste le temps d'une demi seconde et ce qu'il peut y lire le fait détourner les yeux. comment est-il censé passer à autre chose quand un simple regard suffit à lui rappeler qu'il fait pitié ? qu'il n'est désormais que l'ombre de ce qu'il a été ? que plus jamais il ne pourra remettre le pied sur un terrain comme joueur ?

" ça va. merci, c’est gentil. " il murmure presque, la gorgée serrée.  

c'est leur mère qui continue pour lui, remerciant son aîné pour sa gentillesse et sa générosité. et sanghwa s'en veut de ressentir cette colère envers sa famille qui pourtant, n'a fait que le soutenir depuis l'accident. des sentiments contradictoires qui lui donnent mal à la tête.

OUTFIT.     ✧  — ça va. merci, c'est gentil.
tu n'y crois pas. aux mots de ton frère, perdu dans la conversation que votre mère entretient tout au long du trajet.


tu termines de débarrasser la table du salon, rinçant la vaisselle avant de tout glisser dans le lave-vaisselle. tu es pensif, depuis quelques heures déjà. repas préparé par tes soins pour toute ta famille. mais ce qui t'inquiète le plus, c'est sanghwa. replié sur lui-même, comme souvent ces temps ci, d'après ta mère. tu comprends mieux ce qu'elle voulait dire, maintenant. tu remplis un verre d'eau pour toi-même. — tu veux encore boire quelque chose ? tu demandes en passant une tête au salon, ton regard attrapant celui de ton frère. vous n'êtes plus que deux dans le salon, vos parents étant allés se coucher. tu leurs a laissé ta chambre, tu as installé les affaires de sanghwa dans la seconde et toi, pour quelques jours, tu te contenteras du canapé. de toute manière, vos parents doivent reprendre l'avion bientôt, pour rentrer à séoul.

tu reviens au salon avec vos boissons, t'installant sur le canapé aux côtés de sanghwa. — alors, qu'est-ce que tu me racontes ? tu demandes avec un sourire. anecdotes, flirt, engueulades avec les parents ... vous aves toujours trouvé de quoi passer plusieurs heures à faire la conversation. mais tout semble plus compliqué, à présent. tu te pinces brièvement les lèvres, ton regard glissant sur le sien. — comment ça va ? pour de vrai ? petit haussement d'épaules. vos parents ne sont plus là pour vous écouter. et tu oses espérer qu'il va s'ouvrir un peu à toi. tu es prête à tout, pour ton petit frère. c'est ton rôle, n'est-ce pas ? le protéger, et prendre soin de lui.

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la nuit est tombée et le repas terminé. si les parents sont couchés depuis un moment, ce n’est pas le cas de sanghwa et sangcheol.
le cadet a bien vu le regard de sa mère, réticente à monter et le laisser seul en bas, mais il lui avait juste marmonné un bonne nuit et elle n’avait pas plus insisté. elle qui avait l’habitude à séoul de rester à ses côtés pour s’occuper de lui. une présence d’abord réconfortante qui est bien vite devenue étouffante.

sanghwa n’est pas seul bien longtemps, il a bien compris que son frère voulait rattraper le temps perdu. leurs regards qui se croisent alors que sangcheol s’assure que son frère reste bien hydraté.

"de l’eau, c’est très bien." il lui dit. les premiers mots qu’il lui sort depuis son arrivée sur l’île. le dîner s’était passé principalement dans le silence, parfois brisé par les questions de son grand frère et les réponses de ses parents.

quelques minutes plus tard, les voilà côte à côte sur le canapé du salon. un verre d’eau en face de sanghwa, qu’il n’attrape pas. et maintenant qu’ils sont seuls, sans leurs parents pour les surveiller, sangcheol lui pose enfin cette fameuse question.

alors, qu’est-ce que tu me racontes ?
comment ça va ? pour de vrai ?

pour de vrai ? il pourrait en pleurer.
une question qu’on lui posait au début, à l’hôpital, pour s’assurer qu’il guérisse correctement. mais une question vite oubliée, même par sa mère qui refusait d’accepter que son fils avait failli mourir.
il est en vie après tout, pourquoi ressasser le passé.
tourner la page et oublier, c’est ce qu’on lui avait conseillé pour aller mieux. mais sanghwa ne voulait pas oublier.

un long soupir s’échappe des lèvres tremblantes de l’ancien lynx. s’il pouvait faire semblant devant ses parents, c’était dur face à son grand frère. malgré la distance, ils ont toujours été proches. il savait qu’il pouvait venir lui parler si besoin… mais cette fois c’était plus compliqué. il ne pouvait pas comprendre, pas totalement. comment pourrait-il ?

"je ne me suis jamais senti aussi mal, hyung." il finit par murmurer. "ça me manque, tellement."

il tourne la tête pour cacher les larmes silencieuses qui coulent le long de ses joues.

OUTFIT.     ✧  le silence retombe dans l'appartement quand tu te retrouves seul avec ton frère. tu lui proposes à boire, en terminant de débarrasser le salon. — de l'eau, c'est très bien. d'un hochement de tête, tu t'éloignes dans la pièce voisine. tu reviens peu de temps après avec deux verres d'eau, les posant sur la table, et t'installant sur le canapé aux côtés de ton petit frère. tu l'observes un instant, ne pouvant pas rater à côté du fait qu'il ne va pas bien. tu veux savoir, toi, au fond, comment il se sent. tu es prêt à affronter la tempête, la colère ou bien les larmes. prêt à tout pour l'aider à aller un peu mieux, à reprendre pied avec la vie.
tu écoutes son soupir, tu écoutes le silence qui reprend place entre vous, fermant les yeux quelques secondes. tu as toujours été là pour sanghwa. et tu espères que cette fois aussi, il se confiera à toi.

— je ne me suis jamais senti aussi mal, hyung. les mots tombent finalement. — ça me manque, tellement. tu hoches un peu la tête, et tu viens ébouriffer doucement ses cheveux, à la manière dont tu le faisais quand vous étiez plus jeunes, juste pour l'embêter. — oui, je me doute. tu murmures. c'était toute sa vie, le volley. qu'est-ce que tu ferais si du jour au lendemain, tu ne pouvais plus vivre d'une passion ?
tu n'en as aucune idée.
il y a pourtant eu la désillusion, quand tu as appris qu'avoir des enfants serait bien trop compliqué. mais est-ce que vos situations sont comparables ? tu n'en as aucune idée. — tu n'es pas obligé d'arrêter totalement, tu sais. tu souffles doucement, tes doigts quittant ses cheveux. il ne peut plus jouer, c'est vrai. mais il y a forcément d'autres moyens de côtoyer sa passion au quotidien ? à son nouveau quotidien. — il paraît qu'il faut se laisser du temps. tu ajoutes en haussant les épaules. des mots qu'on t'as soufflé, à toi aussi. — tu peux rester ici aussi longtemps que tu veux, en tout cas. me crier dessus quand je suis chiant, m'aider à cuisiner, rester dans ta chambre si tu en as envie ... tu souffles avec un petit sourire. — sache simplement que j'serais toujours dans le coin pour t'embêter. c'est mon rôle après tout. tu lui donnes un petit coup dans l'épaule, sourire tendre sur les lèvres. c'est ton rôle.
de prendre soin de lui.

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des paroles qui se veulent rassurantes mais sanghwa sent le désarroi dans sa voix.
et il s’en veut.
il s’en veut d’avoir prononcé ces paroles et d’avoir laissé entraperçevoir sa douleur. non pas qu’il la cache vraiment, mais il ne la verbalise que très rarement ; parce-qu’il sait comment les gens réagissent. beaucoup la minimise et tous essaient de le rassurer avec des paroles qui malgré tout, ne font qu’intensifier cette douleur.

ça finira par passer ; laisse toi le temps ; vois le bon côté des choses, tu as survécu.

mais cette nouvelle réalité ne fait aucun sens pour lui. pas quand ses nuits sont hantées par les souvenirs de l'accident. pas quand tout le monde avance alors qu'il a plus d'un an de retard.

sanghwa ne râle pas quand son frère lui ébouriffe les cheveux. il essuie ses larmes avec la paume de sa main et soupire.  
il aimerait tellement le croire. mais pour le moment, il n’arrive pas un imaginer un futur où le volley-ball aura encore une place dans son quotidien.

"de toute façon, je supporte plus séoul..." il marmonne, la gorge encore serrée. "... et maman. donc t'es coincé avec moi."

il y a de l'humour dans sa voix. tout pour alléger l'atmosphère et changer de sujet. il a essayé de parler mais n'en a plus vraiment envie maintenant. et il attrape enfin son verre pour y boire quelques gorgées.

"je vais me coucher, le voyage m'a épuisé." il finit par dire. une demi vérité pour cacher le fait qu'il veut que la conversation s'arrête et qu'on le laisse tranquille. "à demain, hyung."