⸻ le cinéma est désormais désert, la dernière séance cinématographique s'est achevée il y a une demi-heure. et c'est au son d'une mélodie pop assourdissante résonnant à travers les haut-parleurs de l'édifice, qu'elle s'équipera de son fidèle compagnon : le balai. de droite, à gauche. c'est une routine quotidienne, la réalisation des derniers préparatifs avant la fermeture : nettoyage, organisation et vérifications. la troisième étape était toujours la plus difficile. Elle se munissait aisément de son fidèle compagnon avant de vérifier les salles pour la énième fois : s'assurant qu'elles soient vides, sous la menace qu'un malotru croise le manche de son balai, elle vérifia les deux premières salles sans incident. c'est alors qu'une mélodie différente de celle diffusée par les haut-parleurs s'éleva, au moment précis où elle s'engageait dans la troisième salle. ❝ uh, oh. son téléphone portable saisi, elle cessait immédiatement sa mélodie pour prêter l'oreille. la seconde suivante, tout s'arrêtait, et le silence dominait désormais. le manche de son balai était dressé au-dessus de sa tête alors qu'elle s'aventurait dans la pièce sombre, ses pas frôlant délicatement le sol légèrement rembourré. hésitant à parler fort dans l'idée d'alerter un éventuel ennemi, elle se demandait si ce n'était pas simplement un téléphone portable oublié entre deux sièges. peut-être que son propriétaire tentait de le retrouver ? cela semblait être la meilleure explication.

⸻ une mélodie qui s'éteint, puis s'élance pour être entendue de nouveau. le balai est alors dressé au-dessus de son crâne tandis qu'elle avance, pas à pas. et cela continua jusqu'à ce que son corps entre en collision avec un obstacle imprévu, s'écrasant au sol dans une chute à la fois dramatique et ridicule. un bruit sourd, un cri, puis la prise de conscience. le visage perturbateur était celui d'un garçon familier, dont le nom lui échappait. l'île est petite, si petite que tous les visages sont connus de chacun, et pourtant, elle ne parvient pas à associer une identité à chaque faciès. alors, elle usera de la situation, jouant la carte de la surprise et de la stupéfaction. ❝ je. les sourcils légèrement froncés, elle saisit rapidement son arme secrète (son balai). ❝ c'est interdit, le cinéma est fermé. elle le dit avec fermeté, dans l'espoir de dissuader le fauteur de troubles de répéter son acte et d'obtenir les véritables raisons de sa présence en ces lieux. ❝ vous êtes prévenus, je sais me battre. comme une menace à peine voilée, la jeune femme se redressa, espérant qu'il ne serait pas en position de réagir en conséquence. ainsi, elle recula de quelques pas, laissant libre cours aux gestes du garnement. après quelques pas en arrière, elle se retrouva contre une rangée de fauteuils. ainsi, elle n'avait d'autre choix que de le confronter, aucune autre issue n'étant disponible. ❝ qu'est-ce que vous faîtes ici ? ce n'est pas un refuge. vous ne pouvez pas rester. les règles étaient les mêmes dans tous les cinémas, et celui-ci ne dérogeait pas à la règle.