⸻ rivalité, dualité. L'inconnu se montre cruel. sur son tableau, est affiché le visage d'une autre jeune femme disparue la veille. la disparition révèle alors d'innombrables détails qui paraissent à la fois si différents (des précédentes disparitions) et pourtant si similaires. la situation est exaspérante. l'aîné se trouve contraint d'user de ses poings, à l'encontre de son bureau, tandis que des mots acerbes effleurent ses lèvres. ❝ fait chier. Sa chevelure noirâtre légèrement ébouriffée, il détournera son regard vers la demoiselle qui ⸻ contre son gré, assistait à ce terrible spectacle. ❝ des infos ? une idée ? il posait ces questions sans attendre de réponse, doutant toujours de la présence de la jeune femme à ses côtés. pourquoi elle, pourquoi lui, pourquoi cette enquête ? les conseils reçus étaient de bénéficier d'un regard neuf, féminin et innocent. absurde. ❝ t'as jeté un coup d'œil au dossier ? le dossier, remis à la demoiselle quelques heures plus tôt, il était clair que toutes les données n'avaient pas été assimilées, loin de là. ❝ je t'écoute. qu'est-ce tu en penses ? à ces mots, l'aîné posa son regard sur le tableau, puis sur la demoiselle à nouveau. il espérait percer le silence dont elle semblait prisonnière. ses gestes étaient accompagnés d'une habitude qu'il espérait abandonner un jour : une cigarette pendue à ses lèvres.

une fumée blanchâtre s'empare de l'air de la pièce, laissant derrière elle une odeur que les non-fumeurs pourraient trouver nauséabonde. c'est le risque du métier, trouver son échappatoire. pour lui, c'était le café et la cigarette, des addictions communes parmi les mortels. ❝ sieun, il l'appelait par son prénom. ❝ ça me fait chier que tu soit là, avec moi. et crois-moi, j'en connais certains qui adoreraient t'avoir, à leurs côtés. une franchise qui pourrait en troubler plus d'un. ❝ maintenant. j'ai plus l'courage de fermer les yeux et faut qu'on l'attrapes donc, on va bosser ensemble et tu pourra arrêter de me coller les baskets. deal ? à ces mots, un sourire éclaira son visage. c'était comme s'ils scellaient un pacte. une fois l'enquête terminée, il userait de ses pouvoirs afin de délester la demoiselle de son emprise (vice-versa).

⸻ les sourcils froncés, des regards désapprobateurs et les bras croisés sur son buste, l'aîné écoutait les conclusions de sa cadette. c'était manifeste, rien n'était nouveau. les faits étaient énoncés avec sérieux, pendant qu'il se permettait de lancer des regards furtifs entre le tableau et ses notes accumulées au fil des jours et des événements. il soupirait alors, d'une manière nonchalante. rien ne semblait l'enchanter, encore moins la perspective de l'avoir à ses côtés. pourtant, il était prêt à lui tendre la main et à offrir son aide, si nécessaire. ❝ j'ai une question, mademoiselle la non débutante. il se redressa alors, la main posée contre le tableau, sans qu'aucune inscription n'affirme l'identité de l'autre, il questionne : ❝ pourquoi, il ? pourquoi, affirmer que l'auteur soit un homme ? il était clair que les indices poussaient les enquêteurs à envisager qu'un homme était l'auteur des faits. cependant, rien ne permettait d'en être certain à cent pour cent. ❝ imaginons. ne serait-ce que quelques minutes, que c'est une femme. il ferme les yeux, un court instant. ❝ plus aisé d'attirer les demoiselle, moins de méfiance. méthodique, travaillé, avec un message. les points clés de l'enquêté étaient ainsi nommés. alors, son regard se portera sur la jeune femme. ❝ toi, au quotidien. envers qui tu porterait plus facilement ta confiance ? un inconnu, ou une inconnue ? les femmes sont souvent confrontées à des situations difficiles à imaginer pour lui, donc il interrogea la jeune femme, espérant obtenir plus de mots-clés pour comprendre la situation dans laquelle il espère la plonger.

⸻ les mots s'emmêlent et les idées s'entremêlent. ils usent alors, d'une imagination redoutable et de ces détails que seule l'équipe, connaît. ces indices, ces photographies, ces rapports rédigés au fil du temps et ces hypothèses soulevées et soulignées. par elle, par eux. par lui. les sourcils se froncent davantage et il s'ancrera dans un silence incertain, écoutant ainsi les propos tenus par la demoiselle. ❝ hum. en guise d'approbation, une onomatopée. c'était évident qu'ils viendraient tous deux à une seule et unique conclusion : l'auteur(e) des faits est connu, de tous (ou presque, du moins). ❝ question numéro deux : si aucune trace de lutte. que disent les rapports de toxicologie ? ces rapports, ils avaient été obtenus après d'innombrables demandes et de longues semaines d'attente. l'île étant éloignée, certains détails devaient être analysée au sein de la capitale. il avait alors, réalisé d'innombrables voyages dans le but d'accélérer les choses. ❝ question numéro trois : quel profil, pourrais tu me fournir, concernant l'auteur(e) ? un profil hasardeux, comme le sien. il souhaitais malgré tout questionner la demoiselle dans l'idée d'attiser sa curiosité, son argumentation et son réfléchi. un regard neuf, sur une situation qui persiste depuis des mois à présent. cela devait cesser, vite. il ne parvenait plus à fermer l'œil, les précédentes nuits furent agitées (et ce, depuis bien trop longtemps à son goût).  ❝ et enfin. si tu dirigeais l'enquête, que devrions-nous faire, ensuite ? peut-être qu'une idée était passée à la trappe. il était avide de connaître davantage les pensées d'une demoiselle qu'il avait fait taire à de bien nombreuses reprises. c'était glorieux en cet instant, qu'il agissait de la sorte.