The Grey,

Fragrance d’une brume aphrodisiaque, la ramure de son rideau cils s’élève sous la bienveillance de l’étoile de feu. Ses pupilles s’amourachent de cette divine étoile. Son ombre hilare sous ce charnel soumis à la domination d’un jugement incompris. L’étirement de ses commissures se délecte de son amusement, lorsque son palpitant agonise en silence. Les battements déchirent sa cage thoracique, un son à peine audible. La suffocation ébranle son essence. L’image de ce doigté cueillant sa jugulaire pour lui dérober son dernier soupir. Le voleur d’âme. Les derniers éclats s’évadent de ses orbes oculaires devant une toile d’un art abstrait. Puis étrangement, un sourire s’y loge entre les couleurs du couteau de peinture, celui de cet artiste nommé S_ _ _ _. Son fin doigté choie cette pomme d’Adam, ses ongles implorent un doux moment. L’écorchure soudaine de cet épiderme décroche un soufflement d’aise. Les griffes du malin s’approprient le doigté de l’infidèle. Sa bienséance dévorée par les canines de la fatalité. Notre adonis sombre dans la profondeur de ses maux insolubles.

Telle une épopée longuement bien menée, notre vagabond s’extirpe de ses songes pour dévisager la ruelle qui mène à son but escompté. Ses jambes s’alourdissent sous le poids de l’épée de Damoclès. Le bout de son nez s’élève pour admirer cette faucheuse en haut de son joli minois. L’ébruitement d’un fin ricanement cristallin chagrine le destin de ce damné. Le labyrinthe écorche cette essence de ses ronces. Est-ce que le fil qui régit à son doigté, invisible et lié à son vis-à-vis, serait le fil d’Ariane ? Ou est-ce une farce du Minotaure ?

La bâtisse des nombreux secrets. Le sifflement du reptilien susurre ses propres allégations. La pulpe de son doigté s’élève vers cette sonnette prédestinée à être choyée par la pression de l’invité. Néanmoins, sa dextre s’estompait dans son avancée, elle s’emparait de la poignée pour entrer sans alerter le maître de la maisonnée. Ôtant rapidement ses chaussures, sa senestre s’appropriait l’un des cadres photos avant de naviguer dans chacune des pièces pour retrouver l’adonis de ses songes. Sa senestre élevait le cadre en glissant son fin doigté sur le verre de la photo, la position d’un joli garnement souriant aux côtés d’une génitrice pimpante.

⸺ ❝ Regardez-le, le fifils à sa maman. On pourrait même verser une douce larme.  ❞



La douce comédie énoncée, il dépose le précieux souvenir sur la première commode en voilant la photo comme un passé résolu pour l’orateur. Un pas puis d’un second, son essence se rapprochait de son commanditaire pour y loger ses pulpeuses près de l’oreille de Shin.

⸺ ❝ Que dois-je faire ? Je peux tout faire comme tout TE faire.  ❞



le sol noyé de textiles et accessoires dispersés au gré des pérégrinations de l’esprit, à n’en plus distinguer le coloris du plancher ni du lit. capharnaüm dans lequel le créateur est l’unique à s’y retrouver, à peu près, c’est que dans le chaos la muse fébrile s’épanouit, il la laisse s’éparpiller sans jamais l’enchainer. vouté de concentration, l’aiguille danse sur le tissu dans une dernière valse fébrile ; il a laissé pianoter ses doigts sur le cellulaire il y a un temps déjà pour annoncer fièrement à son modèle du jour le projet achevé, mais c’est jamais assez, il y a éternellement un dernier ajustement, un nouveau détail, une énième lubie de l’esprit, et, et… shin quand la muse lui souffle à l’oreille il se laisse emporter par ses chants, l’âme tout entière qui bascule vers cette autre réalité, l’attention accaparée par les idées qu’il tente de faire naître de ses doigts. il entend pas, les pas intrusifs de garam qui n’ont pas attendu son aval, pas la remarque moqueuse jetée à la volée, et c’est que lorsqu’il entend le souffle pressant contre son cou qu’il regagne brutalement son corps dans un sursaut qui lui fait lâcher sa création.

la nuque tournée à la volée, le battant galopant qu’il tente de calmer quand il identifie la silhouette familière de garam, ses sourcils viennent se plisser dans une moue accusatrice “qu’est-ce que tu fous là ? ne sonne pas à la porte, surtout” mauvaise foie peu assumée, la vérité c’est qu’il connait bien ses tares pour imaginer qu’il a probablement rien entendu. mais les défenses sont dressées, de son palpitant qu’il peine encore à assagir de sa frayeur, ou de l’état confus dans lequel le plonge sempiternellement l’autre étudiant, il ne tranchera pas. il se relève, “ce que tu auras à faire, c’est juste rester en place et d’être beau, rien de bien compliqué. ça ira pour toi ?” sourcil dressé d’un faux scepticisme pour aller titiller l’autre homme - il peut pas s’en empêcher, avec lui.

dans un soupir, concentré à sa mission, il va chercher les ceintres sur lequels se drape la tenue du jour. le tissu se perd dans des fleurs bariolées, émoi pastel de la nature qui rampe le long des jambes ; il les a cueillies lui-même pour les coudre une à une dans le bouquet à l’harmonie parfaite pour équilibrer son tableau. le torse, lui, drapé d’une veste plus simple, vouée à rester ouverte pour laisser briller la pièce maîtresse à laquelle il a dédiée tant d’heures.   “enfile ça, pour commencer” maître d'oeuvre dans son élément.

RK Polak,

Doucereux créateur s’émerveillant de ses confections. L’attrayant créatif sifflant son venin au travers des paroles provocatrices. Un délectable nectar à déguster comme le plus fastidieux mets. Les oeillades perçantes de l’indomptable se délectent de cette magnificence aux doigts de fées. Le reptilien lui susurre des vices, des viles et aphrodisiaques fantaisies de sa psyché. La malice s’entichait de la commissure de ses charnues, l’insolent procréait une saugrenue esquisse. La pulpe de son doigté choyait les tissus qui voilaient son enchanteresse magnificence. La chemisette caressait les épaules de l’adonis, épousant d’un baiser cet épiderme initialement immaculée. Toutefois, cette fois-ci, elle dévorait la beauté d’une toile de polak. Un pointillé d’ecchymose qui contait l’épopée d’une rivée de la « toile » dans ses quêtes de cascadeur ou est-ce une farfelue bagarre de bas étage ? Ses réflexions en ébullition, il en oubliait les choses insignifiantes. La métaphore même du relationnel humain, l’abandon d’une ancienne présence qui a mordu son âme.

De cet art visuel, les créations sublimaient son essence maquillée. La délicatesse de ses agissements proclamait l’attention particulière pour ce chef-d’oeuvre dont intimement, il trouvait à son goût comme son bienfaiteur. Ceci est un autre conte à chantonner…

⸺ ❝ Si mes petites tâches de rousseurs blasphèment ton art, j’ai ramené des bandages ou du maquillage pour voiler ces vilains baisers de la souffrance.  ❞



D’un timbre suave, fidèle à l’orateur glissant le bout de ses phalanges sur quelques marques pour orchestrer une injuste pression. Adorateur de la douleur ressenti, les pétillements de ses oeillades s’exprimaient comme l’épanouissement d’un garnement. La souffrance s’estompait sous l’arrêt de son propre maléfice. Soudainement, sa dextre s’élevait vers la pommette droite de son interlocuteur pour effleurer son pouce. L’adonis se penchait pour être à la taille de son compagnon. Son souffle s’abattait sur les pulpeuses du provocateur d’antan.

⸺ ❝ Peut-être désires-tu en rajouter ? Une petite marque du grand Shin, ou encore l’écorchure de tes ongles… Je plaisante à demi.   ❞



Sa droiture reprit sa place souhaitée. L’insolent s’adonnait à la plénitude et la sérénité pour le bon vouloir du styliste. Ses paupières s’abaissaient légèrement pour se plonger dans un état de semi-léthargie, une bulle de réflexion intime dont les songes séquestrait son esprit dans une geôle.

avec garam, il nage dans cette eau trouble où il peine à avoir pied ou dessiner l’horizon, relation incertaine dans laquelle il aurait aimé que son histoire de quelques soirs ne se mêle pas à ce camarade avec lequel il se doit de collaborer, les pistes toujours plus brouillées alors que l’irritante insolence du personnage ne fait que démanger ses plus mauvaises réparties. il ne s’est même plus si c’est un jeu ou une irritation sincère. pourtant il l’a attirée, une fois. l’a fait revenir, plus d’une. le piquant de leur jeu peut-être trop amusant pour s’en lasser. c’est trop brouillon, mais dans sa faiblesse il avance avec l’inconscience du déni et la tête baissé face à tous les drapeaux écarlates.

pensées qui effleurent à peine sa psyché, actuellement, le garçon relégué à son simple rôle de modèle quand tout l’esprit de l’artiste est accaparé par son œuvre. il ne peut nier, l’attirant du corps de l’adonis drapé des créations sur lesquelles il a épuisé tant d’heures, ne peut prétendre que la vision agréable de son ouvrage incarné le laisse sans effet. mais ils sont simples effleurements en marge de l’esprit sur lequel les muses ont pris la relève, les iris qui s’écoulent sur le moindre centimètre de tissu pour en guetter chaque détail, qui buttent dans quelques froncement de sourcils sur les imperfections, les doigts qui viennent s’attarder sur ces failles que le cerveau rectifie déjà, les idées d’améliorations qui s’emparent de son imagination, ici près des épaules, là près des coutures, et si leurs pulpes effleurent la peau dénudée à quelques détours il en est bien ignorant. la tête plongé dans un océan, c’est à peine s’il entend les mots taquins de garam à la surface. réponse distraite, les yeux ne quittent pas son ouvrage “pas besoin t’inquiètes, c’est juste un essayage”

les couleurs qui ornent le torse découvert de garam ne passent pas inaperçues. elles ne lui sont pas inconnues, non plus, se sont déjà offertes à ses yeux, plusieurs fois, il les a parfois même effleuré au détour de quelques caresses fiévreuses, dans un autre contexte. ça n’empêche la moue qui fronce légèrement la commissure de ses lèvres. il se passerait bien du spectacle de ce malheureux carnage. mais aucun mot ne passe ses lippes.
et les yeux se lèvent vers les cieux à la remarque de garam. le garçon a toujours le verbe pour éveiller son irritation et écarter toutes esquisse de compassion, il en serait presque tenté d’appuyer, là où ça fait mal, en réprimande, se contente d’une tape sur l’épaule, là où la peau est couverte du tissu “dis pas n’importe quoi”

il dit pas, tu devrais arrêter de te faire ça, parce que c’est pas la nature de leur relation. il questionne pas l’autodestruction qui ruinent sa peau parce que c’est au delà de leur lien distendu, chacun a ses propres démons mesquins et il resteront tus, les confidences inconnues. il le ferait pour un ami, il le ferait pour un amour, mais garam est rien de tout ça.
à la place il se reporte sur ce qu’il maîtrise, son œuvre, “tu peux te retourner pour voir le dos ? ”