Kiss land,

Harmonieuse cacophonie. Le grondement du violoncelle, le timbre s’efforce à vibrer dans la démesure. Le gong de la frénésie qui s’empare des essences tangibles mouvant dans le brouillard. La fragrance de ce nuage de particules, la brume à la senteur d’un breuvage sucré. Délicate gâterie, le palais des damnés quémande la douceur à l’arrière goût acidulé. Le tempo enivre les psychés qui s’évadent dans la chaleur et la débauche. Les lumières synthétiques, l’effleurement d’une tentation pécheresse. Le nectar, meilleur ami de l’ivrogne en quête de liberté. L’oisillon bleu ne chantonne pas sa mélodie aux ouïes de tous ces débauchés. La jeunesse s’extasie sous la démonologie des sens. Les fêtes dorlotent les plus agonisants, la pression s’évade après quelques minutes dans ce bain de fumée vanillée.

En cette nuitée, les étudiants sont les ducs de leur propre anarchie. Le nombre s’agrandît à vu d’œil, les rires s’ébruitent entre deux baisers. La caresse des muscles humides et imbibés d’un nectar enchanteur. La musique gratifie de son rythme aphrodisiaque, les susurrements du reptilien. Le Celsius s’émoustille. Le malin s’émerveille de cette insurrection à la sainteté. Quelques cris ou même des bruitages plus intimes. La fête accueille tous ces damnés en un secret des pratiques exercés.

Notre adonis glisse tel un serpent entre les étudiants pour effleurer de son doigté imbibé d’un marquage fluorescent pour choisir les participants pour le jeu final de cette soirée. Quelques touchés innocents et d’autres, légèrement provoquant. L’anonymat s’instruit sous un masque régissant sur les fins traits de notre insolent. Délicatement, sa senestre venait cueillir le menton d’un jeune homme accompagné par sa dulcinée enivrée par l’alcool. Un brin de mécontentement dans les oeillades de ce narcisse, une légère contrariété. Une délectable esquisse choyait ses charnues amusées par ce choix. Il relâchait son emprise sur le dénommé Siwoo dont une étiquette collante lui honorait son identité depuis son entrée dans la soirée. Une caresse sur le bout du nez de sa dulcinée pour la marquer à sa suite, notre jouvenceau s’évadait dans la nuée de charnel. Disparaissant du champ de vision.

Subitement, le son fuguait dans le à peine audible. Le public intrigué se délectait d’un regroupement de personnes masquées. Un groupe de 5 personnes dont Garam se pointait à leurs côtés. Ses oeillades se focalisaient sur ce jeune homme pour lui accorder un petit coucou de sa main alors que les règles du jeu allaient fuser entre le maitre du jeu à la tête d’Anubis.

« Pour finaliser notre soirée, nous allons nous divertir avec un petit jeu. Que toutes les personnes marquées par la teinte fluo restent au centre, les autres vous pouvez vous écarter. Ces personnes seront nos charmants Rois et Reines de la soirée. Ils devront piocher 3 à 5 fois, selon leur choix, l’un après les autres, dans l’urne en face d’eux. Ils devront faire le gage inscrit. Si c’est un gage imposant une victime comme : Embrasser quelqu’un, il pourra choisir n’importe qui dans la salle pour le faire. Sauf les autres participants. Bien entendu, personne n’a le droit de refuser le gage. Maintenant, vous allez recevoir un numéro de passage. J’espère que vous avez bien compris. »

Les exclamations des damnés, la déception de certain et l’euphorie des autres. Garam sautait de la scène pour adonner aux participants les numéros. Arrivé à Siwoo, un petit ricanement enfantin s’échappait de ses pulpeuses. Le numéro 6 lui sied.

⸺ ❝ J’espère me délecter de tes gages. Ton côté offusqué m’amuse.  ❞



Il s’évade de cette attraction pour finaliser son travail. But escompté, le premier numéro fut annoncé pour le début d’une danse endiablée.

Pouvait il dire que dans sa vie, cette jeune femme serait comme un drame ? En voyant la soirée où elle l'avait emmené, certainement que oui. Les corps se poussant, s'écrasant, se caressant. Sa place n'est pas ici, il le sait et le ressent. Un endroit trop clos, trop oppressant. L'odeur de l'alcool se mêlant à des vapeurs pas forcément très légales et aux effluves corporelles irritantes. Son regard passait d'un endroit à un autre, d'une personne à la seconde. Son corps se tendait, se crispait, rejetait les lieux dans leur entièreté. Sa compagne de folie, celle ci même l'ayant trainé à cette soirée ayant des allures trop débridées, semblait totalement à son aise. Elle boit, s'amuse, rit trop fort. Son corps perd quelques vêtements superflus et Siwoo déteste se trouver ici.

Il se déteste d'avoir voulu la suivre.

Verre glissé dans sa main, sans trop comprendre comment il était venu là. Les oreilles bourdonnants du bruit environnant, la chaleur de son corps montant trop vite à son goût. Préférant garder la gorge sèche que de boire un contenu non identifié. Le gobelet reposé à tâtons sur le premier meuble à sa portée. Perdant de vue celle qu'il devait accompagner. Son regard dérivant vers la porte.

Jusqu'à ses doigts sur son menton.

D'un regard courroucé, fusillant le garçon de ses yeux déstabilisés. Un masque pour visage, une trace de la pulpe de ses doigts, des yeux qui le font se tendre un peu. La femme revient à ses côtés, comme pour jalousement protéger ce qui était sien. Une marque pour elle aussi et l'inconnu s'éloigne enfin. Le coeur alourdit de cette sensation qu'il refuse et renie depuis si longtemps. L'estomac noué de comprendre qu'il n'avait d'autre choix que participer à un jeu alors que les gens se regroupaient autour d'eux. Des gages ? Le palpitant rate un battement alors qu'il semble comprendre que les enjeux pourraient être lourds..

Un numéro lui est donné et un froncement de nez répond au jeune homme toujours masqué. Serrant le papier après avoir regardé son numéro. Une oeillade vers la porte.. qui ne dure qu'une seconde, sa petite amie lui tirant déjà le poignet pour l'encourager à tirer son premier gage. Chacun prend le sien, certains commençant déjà à les réaliser. Une douce panique s'infiltre en lui et il ouvre le sien. Un éclat de soulagement, bien que cela ne lui plaise pas, ce n'était pas le pire qu'il aurait pu imaginer.

- Boire un verre resté dans la salle..

Certainement que c'était habituel dans ce genre de soirée d'avoir des gobelets à demi vide trainant ici et là. Alors il cherche celui déposé à l'improviste et le retrouve sans trop de mal, s'approchant afin de le prendre à nouveau. Avec de la chance, ce ne serait pas si terrible son contenu.. Fixant la couleur peu inspirante, il vient finalement le vider d'un trait. Ses doigts se crispent sur le contenant et l'alcool semble brûler sa gorge alors qu'il retient une grimace de dégoût.

A peine le temps de finir le premier, qu'il est déjà encouragé à sortir un second papier. Ouvrant à peine ce dernier, il le dépose sur le côté de la boite en se détournant un peu, ayant besoin de tousser.. Ce n'était pas un grand fêtard et sans doute encore moins un gros buveur..