Le réveil était toujours un peu difficile ces dimanches matin où il ne pouvait pas trainer quelques heures de plus dans la douceur de ses draps. Sa main tâtonnant entre l'oreiller et le bord pour faire glisser son doigt sur l'écran du téléphone. Un soupir quittant ses narines et son corps se tournant de l'autre côté. Dans un soucis de ne jamais être en retard, il avait toujours une seconde sonnerie. Celle ci le fit se redresser dans son lit et après avoir éteint le son afin de ne pas réveiller sa mère dans une chambre voisine, il s'étire d'un nouveau soupir. Une main passe sur son visage et remonte se perdre dans ses cheveux ébouriffés de la nuit trop courte pour son organisme. Un coup d'oeil à l'heure et le voici les deux pieds sur le sol. Pas de chaussons, le frottement se ferait trop entendre. Une douche par contre, longue et bien chaude pour finir de se réveiller.

En sortant de la salle de bain, il s'en veut un peu de l'avoir à nouveau réveillée.. L'odeur du café lui parvenant prouvait que sa mère était levée aussi. Souriante et en robe de chambre, lui servant une bonne dose de sa caféine matinale. Enfin, nocturne serait plus adaptée vu l'heure bien trop tôt qu'il était. Un bras autour des épaules de la femme qu'il voyait que trop vite vieillir et un baiser contre ses cheveux qui sentaient toujours si bons. Un remerciement tout bas et l'intimant de retourner dormir un peu. Pourtant, elle insiste pour boire quelque chose avec lui. Un thé léger de son côté afin de ne pas s'empêcher de refermer les yeux. Ils discutent un peu comme souvent lorsqu'ils sont seuls dans le silence de la nuit. De tout, de rien. De la boutique la plupart du temps. De son père de temps en temps. Du fait de trouver une femme pour partager sa vie aussi parfois.

Puis, viens l'heure pour Siwoo de partir. Une vérification des caisses vides bien installées dans son coffre et des sacs à l'arrière. Un dernier signe à sa mère, qui retourne se coucher et il démarre pour se mettre en route. Sa direction ? Le marché des fleurs un peu plus haut sur l'ile. Un dimanche sur deux, il s'y rendait pour voir les nouveautés et faire le plein de certaines variétés qu'il ne trouvait que là bas. C'était donc une semaine sur deux qu'il devait se lever à 3h du matin pour se préparer et arriver sur place avant le début. Toujours présent dès l'ouverture, Siwoo pouvait ainsi choisir les plus belles fleurs, les plus fraiches, les moins ouvertes afin de les garder plus longtemps. Et aujourd'hui, il voulait aussi faire l'achat de quelques bulbes à planter dans le jardin derrière la maison. Bien qu'il ne puisse avoir de serre pour le moment, il se plaisait à offrir un petit jardin à sa mère et lui. Une douce odeur lorsqu'elles venaient s'ouvrir au soleil.

S'il avait su que ce dimanche ne serait pas comme les autres, peut être serait il resté au lit ? Ah, c'était trop tard pour le savoir de toute façon. Et puis, il ne regrettait pas vraiment d'aider lorsqu'il le pouvait. C'était un éclat, reflet de ses phares, qui avait attiré son attention. Ralentissant, s'arrêtant. Il avait même fait marche arrière en faisant attention que personne n'arrive à sa suite. Un jeune homme, étalé dans l'herbe. Allait il bien ? Un coup d'oeil à l'heure, au ciel encore bien sombre et à la route déserte. Coupant le contact, clef glissée dans sa poche de pantalon, il était sortit de la voiture. Quelques pas pour approcher, plutôt prudemment.

- Tout va bien ?

Sans doute qu'il faisait trop sombre pour le reconnaitre ou qu'il avait un peu omit cette rencontre passée. Toujours est il que Siwoo ne percuta pas immédiatement qu'il connaissait ce petit égaré, même lorsqu'il croisa son regard semblant un peu ailleurs.  

Take me first,

Âme vagabonde, supercherie déconcertante. Les vibrations d’un palpitant s’adonnant à l’excitation comme à la déception. Adonis émerveillé par ses propres mauvaises décisions. Un doigté appétissant régissant sur des épidermes. L’hystérie d’un jeu peu conforme aux attentes sociétaires. Et ses lèvres essoufflent un nuage de particules. L’air frais accordement son jugement. Délicat damné qui déambule dans les épopées nocturnes. Le public applaudit devant tant de misérabilisme. Sublime magnificence élancée sous un voile de souillure. Un délectable maquillage embellissant ce charnel agonisant par le manque d’une substance si désirée. La longitude de ses phalanges ôtant ses maux en un déchirement capillaire. L’abus semble se manifester devant la raison. Un genou à terre, la lucidité abdique. La corps s’éteint sur le rebord d’une route, les prunelles fantasmant l’astre lunaire. Douce rêverie infantile de vouloir cueillir cette orbe lumineux. La multitude d’écorchure sur sa pauvre dextre lui rappelle sa pauvre fatalité de cette soirée. Pathétique déluré qui a perdu, loser moderne qui lui a octroyé un gage peu conventionnel. Toutefois, son esprit s’accorde quelques heures de répit.

Un songe réconfortant dans les limbes de l’oubli à son éveille. Une présence, impudente, lui dérobe son précieux repos. Ses cils dévoilent les traits fins d’un garçon légèrement embrumée par l’humidité de ses prunelles. Un air familier, un timbre de voix déjà entendu. Un client de sa fête ? Ou est-ce un lointain souvenir ?

⸺ ❝ Mi.a.ou…  ❞



Fut son seul mot pour répondre à l’inquiétude de son vis-à-vis. La netteté de sa vision lui octroyait un meilleur sens critique. L’ébauche d’une commissure sur ses croissants de chair. Tiens tiens tiens… n’est-ce guère mon petit lutin ?

Impulsivement, son buste s’élevait pour s’approprier la dextre de ce jouvenceau pour l’attirer dans l’herbe encore fraîche de la rosée du soir. Les deux protagonistes s’offraient à la vision d’une lune intriguée. Le doigté parsemé de coupures voguait en l’air, tel un chef d’orchestre qui quémande une harmonie symphonique. Puis, le coulis s’échappe d’une plaie pour longer cet avant-bras dénudé, d’une température plus chaude et accueillante. Son bras tombait lourdement au sol, son profile s’offrait au ciel, son fin facial accordant son attention au doux prince de la belle au bois dormant.

⸺ ❝ Je te connais toi. Si..su..woo..Siwoo ! Tu m’excuses, mon cerveau est retardé. Que fais-tu sur les routes à cette heure là ? Mauvaise question, on s’en fout. Et si on faisait une rivée nocturne ? On dit que c’est so romantic love story. En vrai, c’est plutôt psychopath. Dis-moi, tu t’es déjà demandé si tu pouvais attraper la lune ? Après tout, un chat à plusieurs vies, alors pourquoi ne le pourrait-il pas ?  ❞