outfit     ✧  aujourd'hui c'est une journée off. tu te les accordes de temps en temps ; prends du temps pour toi et pour préserver cette vie que tu exposes sans cesse sur les réseaux sociaux. tu y as le droit aussi, n'est-ce pas ? à la tranquillité. simplement, profiter de l'instant, de ta vie à ulleung. sortir, te balader, ne pas penser à quelle photo tu dois poster, quelle story tu dois envoyer.
ça fait du bien, parfois.
se recentrer sur certaines choses. et laisser tes pensées t'envahir. même si elles ne sont pas les meilleures. parce que tu ne peux t'empêcher de repenser à cette soirée ; repenser à cette nuit ; au départ précipité. et à votre conversation désespérément vide de réponses de sa part. un soupir s'échappe de tes lèvres.
est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ?
question sans réponse.

sac à dos sur les épaules, tu grimpes sur ton vélo pour parcourir la distance qui te sépare du centre commercial. tu aurais pu t'y rendre à pieds, c'est vrai. tu te mords l'intérieur de la joue un bref instant, avant de te mettre en route. le vent qui glisse contre ton visage, tu profites de l'instant, du soleil voilé qui règne sur l'île.
vélo cadenassé à l'entrée du centre commercial ; tu t'engages dans ce dernier, flânant entre les boutiques avant de te diriger vers une boutique dans laquelle tu pourras trouver un nouvel objectif pour ta caméra. référence enfoncée au fond de ton esprit : tu sais ce que tu recherches, tu sais exactement ce que tu veux. tu prends pour autant, ton temps. tu observes ça et là, des objets dont tu n'as pas forcément besoin non plus. perdu dans le fil de tes pensées, ton objectif en main, tu manques de rentrer dans une silhouette qui t'es inconnue. — excusez moi. j'étais distrait. tu souffles en inclinant légèrement la tête pour t'excuser. un inconnu ... ou pas. tu fronces légèrement les sourcils ; visage que tu as déjà croise. tu le sais. mais, où ?. lèvres pincées un instant, certainement que tu le dévisages un peu trop longtemps.

outfit     ✧ parfois, ya la marée qui menace de déborder, le flot incessant qui pourrait le noyer sous les douze milliards de responsabilités et de pensées et de rendus et, et, et. parfois, il a du coton dans la crâne, l’inspiration qui lui glisse entre les doigts - angoisse macabre de l’artiste. frénésie qui a raison même de la tornade qu’est shin, la tension qui menace de rompre. pas d’autre choix, que de suspendre le temps, bouffée d’air qui se fait besoin impérieux. mais shin, il a l’âme en ébullition, qui saute aussitôt d’une occupation à l’autre, son accalmie, il la trouve dans d’autres exutoires, le besoin d’extérioriser, de ne jamais s’arrêter.

aujourd’hui, c’est la photographie. passe-temps négligé depuis un temps. il a enfilé sans trop s’embarrasser ses sneakers et un apparat confortable pour se hâter dans une boutique où trouver son bonheur. appareil photo argentique à remplacer, il déambule les rayons, à la recherche de la perle rare, fait glisser ses doigts sur quelques intérêts, s’essaie à tester quelques options.

quand il regarde le monde, à travers l’objectif, il doit s’arrêter, pour capter la beauté des détails de l’île, dans ses moments de tranquillité, dans un chat qui ronronne sur le bord d’un muret, dans cette fleur qui danse lentement sous le vent, au coin d’un chemin, ces instants suspendus hors du temps qui défile ; le monde qui continue de tourner. c’est là qu’il arrive à retrouver son souffle.

dans un soupir décidé les mains agrippent la trouvaille qui semble le meilleur compromis entre qualité et accessibilité. l’esprit vaquant déjà au clichés qu’il pourra en tirer, c’est l’attention distraite à quelques lieux d’ici qu’il se dirige vers le comptoir - pour se heurter aussitôt à une autre âme, les doigts se hâtant de rattraper au vol l’objet qu’ils auraient presque laisser échapper. “aïe, pardon”

la tête se relève, après une inclinaison désolée, croise des traits déjà aperçus. la bouille aurait pu se perdre, dans ses visages vaguement familiers relayés au passager, à peine croisés, si ce n’était la récente conversation avec jinki, la confession du lien qu’il pouvait déjà esquisser lors de la brève rencontre au centre commercial, et puis, l’aveu de la faute - la fuite.

“oh” sourcils haussés, là aussi, le temps se pause. il a à peine quelques interminables secondes pour décider s’il est censé feindre l’ignorance par lointaine solidarité envers l’ami, avant de se décider sur la politesse. les yeux plissés un instant pour se remémorer  “heu.. jiaoxian, c’est ça ?”

outfit     ✧  maladresse que tu aurais eu envie d'éviter, au fond. ou peut-être pas.
tu n'as pas encore décidé, tu dois bien l'avouer ; dans les allées de la petite boutique. c'est face à une connaissance de jinki que tu te retrouves. reconnu en un coup d'oeil, la silhouette qui l'accompagnait pour l'inaugurations du centre commercial. — aïe, pardon. tu relèves la tête, lèvres pincées un bref instant ; avant de te détendre. tu n'as rien à cacher, rien à te reprocher, après tout.
et pourtant au fond de ton esprit, l'envie de savoir pourquoi. pourquoi est-ce que tes messages restent sans réponses ? pourquoi est-ce que tout semble soudainement si différent ?

— oh. heu... jiaoxian, c'est ça ? tu hoches doucement la tête.
l'île est petite, la probabilité de connaître la personne que tu croises est grande, tu dois bien l'avouer. tu déglutis doucement et tu glisses une main dans tes mèches blondes -- et desséchées. — c'est ça. tu confirmes simplement en l'observant, fouillant le fin fond de ta mémoire. jinki t'as donné son prénom, tu es en certain ... parce que tu voulais savoir. s'il s'agissait d'un ami ou ... d'un peu plus. brève jalousie au fond des veines. pourquoi, exactement ? — shin. ça te revient soudainement. — désolé, j'ai jamais été très doué avec les prénoms ... tu ajoutes en laissant un sourire plus doux se glisser sur tes lèvres.
et maintenant ?
et maintenant, qu'est-ce que vous vous racontez ? est-ce que tu lui demandes comment la vie se déroule ? si jinki a parlé de toi, s'il te déteste par procuration ? — c'est drôle de se croiser ici. tu souffles finalement, pour tenter vainement de faire la conversation. toi qui est pourtant à l'aise, habituellement. — le centre commercial est plein de surprises .... y trouver jinki ; y trouver à présent un ami à lui. ah, la vie est drôle, parfois. — j'espère que l'appareil n'a rien. celui qui a faillit terminer sa course au sol.

outfit     ✧ ironie moqueuse d’un hasard qui semble se jouer d’eux, il se serait bien passé de cette rencontre fortuite. pas la faute du garçon en face de lui, qui en a probablement pas demandé plus que lui. c’est juste qu’il se retrouve coincé entre deux courants, victime collatérale d’une situation qui lui échappe et ne le concerne qu’en orbite. jiaoxian ne doit pas en penser moins, s’il en croit la moue crispée qui tire ses traits l’espace d’un temps.

il se contente d’acquiescer à l’entente de son nom, la main agitée dans l’air comme pour effacer les excuses dans un sourire qui se veut rassurant. “ah non, pas de souci” il peut pas dire, que si son nom à lui est resté dans sa mémoire c’est qu’il a trop été le premier rôle de récentes conversations avec jinki. confident de cette danse des émotions et de la cassure, surtout, dans une longue conversation à devoir rassurer son ami. le secret sera bien gardé.

ya le brouhaha étouffé du centre commercial dehors et les les murmures rythmés du bip de caisse enregistreuse et la lourdeur de ce silence malaisant qui s’étire entre eux. ça a toujours été si dur, de faire la conversation ? “oui c’est marrant, ça fait qu’un mois qu’il est ouvert et on s’y croise déjà deux fois. comme quoi, l’île est petite” à demi vrai seulement, ce qui est pas dit c’est que c’était plutôt jinki le protagoniste de leur précédente rencontre.

et il peut pas s’empêcher, de laisser ses pupilles s’attarder un peu trop sur le garçon et son sourire plutôt doux. comme pour cerner celui qui a capté l’intérêt de son ami au point de l’entraîner dans ces tourments inhabituels. se demander au fond s’il y a une raison, de se méfier. évaluation surprise injuste, quand le concerné a insisté sur sa volonté de préserver la relation de tout sérieux. quand le mal n’a pas été fait du côté de jioxian. alors il s’assagit, le regard se reportant sur l’appareil photo qui a échappé à la catastrophe. pas une rayure. “tout va bien, “ l’objet agité entre eux pour appuyer son point “heureusement, j’aurais pleuré si j’avais du dépenser cette fortune dans le vide sans repartir avec”  les yeux curieux traquent les mains et le sac de l’autre “tu viens acheter quelque chose toi aussi?” autant faire la connaissance du garçon

outfit     ✧  — ah on, pas de soucis. ce n'est pas ton truc, de retenir les prénoms. mais tu as essayé de te souvenir de celui soufflé par jinki, cette après-midi où vous vous êtes croisés au centre commercial, pour son inauguration. garçon dont il semble plus. est-ce que shin sait des choses sur toi ? qu'est-ce que jinki lui a raconté, exactement ?
est-ce qu'il a parlé de toi, en réalité ?
tu aimerais qu'il l'ait fait, égoïstement. parce que tu l'apprécies.

tu ne t'attendait pas à croiser le jeune homme ici. drôle de coïncidence, n'est-ce pas ? — oui c'est marrant, ça fait qu'un moi qu'il est ouvert et on s'y croise déjà deux fois. comme quoi, l'île est petite. tu hoches la tête  à ses mots. — oui ... ce qui est étonnant, c'est qu'on ne se soit jamais croisés avant, je trouve. tu avoues avec un sourire sur les lèvres. l'île est petite, c'est un fait, dans la réalité.
et vous voilà, après cette soirée avec jinki, à vous croiser à deux reprises.
shin qui semble proche de l'homme que tu convoites à présent.
tu peux sentir son regard glisser sur toi, mais tu te contentes d'un sourire doux. qu'est-ce qu'il cherche à savoir ? à entrapercevoir en toi ? si tu es quelqu'un de bien ? — tout va bien. ton regard se pose sur l'appareil photo. — heureusement, j'aurais pleuré si j'avais du dépenser cette fortune dans le vide sans repartir avec. tu hoches distraitement la tête. — je t'aurais remboursé ... ça aurait été de ma faute, je ne regardais pas vraiment ou j'allais. tu annonces, petite moue sur les lèvres. perdu dans tes pensées, comme bien trop souvent en ce moment. pensées dirigées vers une silhouette que tu aimerais aussi croiser sur l'île.

— tu viens acheter quelque chose toi aussi ? tu hoches la tête, lui montrant l'objectif entre tes doigts. — mon vieil objectif de vidéo commence à rendre l'âme. tu expliques avec un sourire. — alors ... je me suis dis que je pouvais venir faire un tour avant de commander sur internet et de risquer à me retrouver avec un objectif cassé à l'arrivée ... tu expliques doucement. tu te pinces les lèvres quelques courtes secondes, ton regard glissant sur shin. est-ce que... ? non, ce ne serait pas raisonnable, n'est-ce pas ? et pourtant la question brûle tes lèvres. — tu connais bien jinki, alors ? tu déglutis lentement. ah. idiot. tu aurais mieux fait de te taire, n'est-ce pas ?

outfit     ✧ il peut accorder que jinki a pas trop mauvais goût, jiaoxian a les traits plutôt bien dessinés et ce quelque chose de doux sur le visage. ça arrange pas trop ses tourments. il redresse son sac sur son épaule. “c’est vrai qu’on peut le voir comme ça… t’es de l’île, toi aussi?” la question quelque peu indiscrète vole sans qu’il ait l’occasion de l’attraper, c’est qu’il ne peut s’empêcher d’avoir cette curiosité pour ce garçon qui a su faire vibrer son ami - assez pour le faire fuir, apparemment. pas si aberrante non plus, malgré sa taille l’île attire les cosmopolites et il croise probablement autant d’individus arrivées récemment que de personnes qui y ont grandi. jinki lui a glissé quelques anecdotes mais sans jamais s’épancher.

une moue exagérément outrée plisse son visage face à la suggestion glissée de le rembourser “ je ne t’aurais jamais laissé”, les lippes courbées dans un sourire sans appel, aucun mal n’a été fait. et l’appareil glissé au passage dans son sac pour éviter un malheur. ce serait plus simple, si jiaoxian n’était pas si attentionné. il pourrait se dresser en menaçant protecteur du haut de son mètre soixante dix et retourner rassurer jinki qu’il avait bien fait, de le ghoster. à la place il se retrouve face à la malaisant évidence que son ami a peut-être un petit peu merdé. mais son camp est choisi pour la vie et il comprend plus que quiconque les tourments qui l’ont animé.

la tête qui acquiesce aux explications du blond, il ne peut empêcher son sourcil de se lever face à la question fatidique, l’éléphant dans la pièce enfin adressé. il n’aurait pas pensé. “ouais, depuis plusieurs années. depuis son arrivée, en fait.” il ne sait s’il devrait se sentir vexé que son ami semble ne pas avoir parlé de lui, ou si c’est simplement son interlocuteur qui essaie d’en savoir plus sur jinki à travers lui. il essaie d’avoir la décence d’empêcher ses lèvres de sourire face à l’évident malaise de son interlocuteur aux pupilles fuyantes depuis la question lâchée, apparement pas bien maîtrisée. mais c’est un peu drôle. et presque dommage, qu’il ne pourra pas s’empresser de raconter ça à jinki. gamin espiègle, il ne peut pourtant se retenir de taquiner, tester les eaux pour voir quelles autres affections il peut soulever. “on est très proche depuis. c’est quelqu’un d’important pour moi” mots qui pourraient sonner menaçants mais les iris ne le sont pas, c’est simplement la vérité. et si elle peut au passage rappeler qu’il n’apprécierait que moyennement voir son ami blessé… les yeux scrutent les réactions de jiaoxian, curieux.

outfit     ✧  à force, au fils des années qui passent, tu pourrais penser connaître tout le monde. tout du moins, les natifs de l'île, les personnes qui se trouvent ici depuis des années et des années déjà. loin du tourisme, loin de ces nouvelles têtes qui débarquent jour après jour à ulleung, brisant sa tranquillité. tu te pinces les lèvres, un bref instant. — c'est vrai qu'on peut le voir comme ça... t'es de l'île, toi aussi ? tu hoches simplement la tête à ses mots, un sourire doux sur les lèvres. — oui ! je ne suis pas né sur l'île, mais c'est tout comme. tu expliques doucement. tu ne te souviens pas de ton lieu de naissance, une petite moue sur les lèvres.
— je ne t'aurais jamais laissé. tu souris un peu, penchant la tête sur le côté. tu l'aurais fait, si tu avais cassé l'appareil. mais ce n'est pas le cas, alors tu ne rebondi pas sur ses mots. tu glisses une main dans ta nuque, tout doucement. la discussion semble banale, un peu trop sans doute. deux inconnus, ou presque, qui se croisent au hasard sur une île un peu trop grande pour ça.

et puis, de tes lèvres, s'échappent cette question.
celle que tu ne peux retenir. — ouais, depuis plusieurs années, depuis son arrivée, en fait. tu hoches la tête à ses mots, pinçant brièvement tes lèvres. tu secoues la tête de gauche à droite, un instant seulement. — désolé ... ce n'était pas très délicat de ma part, de poser la question. tu murmures simplement, un peu gêné malgré toi. mais oui, jinki t'as plu. tout de suite, en réalité. dés vos premiers mots échangés. et tu as aimé cette soirée, cette nuit passée à ses côtés. alors tu ne comprends pas, tu ne sais pas pourquoi il a décidé de fuir, tout d'un coup.
qu'est-ce que tu as fais exactement ?
— on est très proche depuis. c'est quelqu'un d'important pour moi. tu approuves simplement, te pinçant les lèvres. tu croises son regard un instant, la tension dans tes épaules s'apaisant peu à peu. — je vois. tu te balances sur tes pieds un bref instant. tu observes shin. — je peux t'inviter à boire un café ? tu questionnes. — je veux dire ... ce serait plus agréable que de discuter debout entre deux allées d'appareils photos numériques et anciens. tu ajoutes, presque un peu maladroitement. qu'est-ce qu'il te prend ?
la vérité, c'est que tu ne veux pas qu'il pense que tu le drague.
oh, il est bel homme.
mais tu as quelqu'un d'autre en tête.