folie furieuse, de vouloir remplir son estomac de mets toujours plus sucré. comme un enfant en pleine crise, ne souhaitant que des bonbons et des biscuits pour le goûter. il se savait insupportable sur le sujet, lui-même épuisé par les montées puissance de qui devait s'apparenter à une drogue dure dans son cas. mais l'appel était trop fort, surtout quand il passait devant l'enseigne de ce café qu'il fréquentait trop souvent. une hésitation, un pincement de lèvres, avant l'abandon. tant pis, sa tante le gronderait certainement mais il aura au moins eu ce qu'il désirait.

et un sourire béat vint se dessiner sur les lèvres du jeune homme alors qu'il admirait la merveille qu'il avait sous les yeux. à contempler la crème et la couleur du gâteau un long instant avant de remarquer, plus loin, les traits d'un visage qu'i lui avait déjà été donné de voir. et comme un flash, les yeux s'agrandissant alors qu'il sortait son cellulaire pour avertir des amis à lui. et les messages fusèrent alors, inondant ses notifications, le faisant grimacer. réactions normales quand on y pensait. après tout, ne venait-il pas de dire à ses amis que la célèbre vidéaste qu'il suivait été dans le même café que lui ? il fallait s'y attendre. tout comme à la demande qui suivit. et Beomsu grimaça.

franchement...

une moue d'abord, alors qu'il tendait son téléphone pour tenter de l'avoir complètement dans le cadre. tentative ratée ensuite, le faisant soupirer. il allait devoir faire ça différemment. et Beomsu grimaça encore, abandonnant un instant sa place pour aller se cacher plus loin, avec le naturel d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. et la photo ne ressemblait à rien, le faisant presque jurer tandis qu'il essayait de rester caché.

c'était pas gagné.

tout manquait de couleur en corée. à part les paysages, tous c’étaient donnés le mot pour suivre un cahier des charges qui tournait autour du beige et d’autres teintes terriblement consensuelles et dénuées de panache. c’était une vérité de sissi qu’elle proclamait tous les jours et de se désignait comme une fée bigarrée venue s’échouer sur l’île pour la rendre plus vivante. malgré cela clochette devait bien que les pâtisseries de cet établissement n’avaient pas besoin de son intervention. certes elles manquaient un peu d’éclat mais elles étaient aussi ravissantes que bonnes. son palais savait pardonner bien des choses.

assise seule, elle avait vite ignoré les regards courroucés d’une partie des clients. sissi était trop habituée au dédain pour se sentir blessée ou même dérangée. et puis les pâtisseries étaient trop bonnes pour que le puritanisme des autres vienne gâcher ce moment. prête à poster une story sur instagram elle dégaina de nouveau son téléphone mais manqua de le faire tomber dans son gâteau. prise de panique à l’idée d’endommager un met délicieux, elle gesticula des mains pour éviter la catastrophe. une salade de doigts incontrôlée qui finit par pointer l’objectif en direction de la salle. c’est sur l’écran numérique, pointé sur les plantes vertes, qu’elle remarqua un garçon qui pointait son portable sur elle. sissi plissa les yeux et se pencha sur l’écran pour s’assurer qu’elle ne se trompait pas avant de relever la tête pour regarder en direct le petit espion.

c’était terriblement impoli mais elle pointa du doigt le jeune homme qu’elle avait repéré. “hé toi.” elle ne parla pas si fort mais c’était assez pour se faire remarquer par les autres clients et s’attirer leurs foudres une fois de plus. “viens voir.” elle lui fit signe avec les doigts de venir à sa table.

d’abord la surprise, caché derrière ce qui semblait être une véritable plante verte. les rougeurs ensuite, faisant état de son honte et sa surprise. l’envie puissante de s’enfuir, de s’enterrer quelque-part, de disparaître à jamais tandis qu’on le pointait du doigt. et les regards curieux ou courroussés se posaient sur eux, le faisant se sentir tout petit, ridicule, vulnérable. comment ne pas trembler à cet instant alors que le monde avait pris pour cible sa personne, le souffle lui manquant tandis qu’il se redressait, rouge comme une tomate trop mure. que le ciel soit miséricordieux, lui qui implorait silencieusement qu’on le sorte de cette situation plus que défavorable pour sa personne.

quelques pas d’abord, timides et maladroits, vers celle qui semblait tout droit sorti d’un livre de conte. à la fois si lumineuse et tellement colorée. Beomsu avait du mal à la regarder en face, encore plus maintenant qu’elle l’avait repéré. il lui fallait cependant tenir bon, malgré la brûlure de ses joues et oreilles qu’il cachait par moment sous ses paumes maintenant moites. il s’assit alors, tel un enfant que l’on allait gronder, appréhendant avec force qui allait bien pouvoir se passer. sous les regards curieux encore de quelques clients qui chuchotaient dans leur coin, la joute se jouant alors étant une parfaite distraction entre deux bouchées de gâteaux. “ Je peux m’expliquer. ” pour plaider sa cause, et ne pas se faire disputer.

être le centre de l’attention n’avait jamais fait peur à sissi même lorsque l’on jetait sur elle des regards courroucés comme ceux des clients de la pâtisserie - de toute façon elle méprisait la plupart d’entre eux. cela dit, il était rare qu’elle soit l’objet d’une toute autre attention comme celle que donnait le garçon mal caché derrière une plante. c’était d’autant plus rare qu’en général c’était la jeune femme qui se trouvait de l’autre côté de l’objectif mais ça ne lui effleura même pas l’esprit…

décontenancée mais à l’aise, elle l’appela à la rejoindre avec le sourire. s’amusant de l’air penaud du jeune homme et du changement d’attitude de certains clients qui semblaient la trouver drôlement plus intéressante qu’avant. sissi ne pensa pas une seule seconde qu’il pouvait être mal intentionné. pas alors qu’elle passait son temps à épier un autre garçon par sa fenêtre… “je suis toute ouïe.” son sourire s’élargit alors qu’elle posait ses coudes sur la table et posait son menton sur ses mains en le regardant droit dans les yeux. elle fit un petit geste du menton pour l’inciter à prendre la parole. son gâteau pourrait attendre. son après-midi était sur le point de devenir diablement plus intéressante.

le souffle se fit plus court, le coeur battant toujours la chamade. drôle de situation que celle-ci, tout cela pour des êtres se trouvant à l’autre bout du pays ou du monde. il voulut pester, se sentant piégé tel un oisillon dans les griffes d’un chat. Beomsu ne put, cependant, rien faire de plus que prouver sa bonne foi en disant simplement la vérité. l’aura de la jeune femme était trop lumineuse, trop vibrante, pour lui permettre d’être caustique ou acerbe. il sentait qu’elle finirait par lui remonter les bretelles s’il se montrait trop indiscipliné. “ T’es la nana qui fait des makeup sur Youtube non ? ” lèvres pincées, joues rougies sous le malaise qui rongeait son estomac. vraiment, il s’était mis dans de beaux draps tout seul comme un grand. “ J’ai des potes qui te surkiffent… je voulais juste… enfin ils voulaient que je prenne une photo. ” il se racla la gorge, toujours plus embarrassé et ridicule que jamais. c’était bien son jour. “ J’aurais peut-être dû demander… mais je voulais pas me faire voir ni te déranger. Donc voilà. ” enfant penaud qui resta là à éviter le regard de la jeune femme, à la fois gêné et ridicule. “ Déso… ”