outfit     ✧  Un masque s’échouait sur l’opaline de son visage. La droiture redressée alors qu’il trônait dans cet environnement si bien connu depuis l’enfance. Le luxe le flattait tout comme ce maquillage léger qu’il s’était permis de déposer autour de ses yeux vides d’expression. L’arrogance hurlait sa démence sous ce rôle qu’il se forçait de jouer pour décrocher une réassurance auprès de ses géniteurs. Ce n’était pas la première fois qu’on l’invitait à un rendez-vous arrangé ; ce ne serait pas la dernière. Il était prisonnier de ces obligations tant qu’il échappait aux promesses données pour une personne. Seulement, la psyché se riait de lui. Elle lui soufflait au coin de l’oreille un prénom tant apprécié, celui d’un garçon dont il ne pouvait plus se libérer, effaçant celui de la demoiselle qui se reflétait de l’autre côté de la table.

Les entrées commençaient à être consommées dans un silence pesant pour cette dernière. Son mental certainement ne trouvait rien à combler alors que l’héritier ne semblait pas enclin à fournir le moindre effort. Avant même le rendez-vous, il avait envoyé un message ─ un appel au secours ─ à la seule personne qui pourrait le sortir de cette situation. Du coin de l’œil, il pouvait déjà remarquer une silhouette féminine bien connue. « je suis désolé de cette situation, je crois que j’ai dû omettre de dire que j’ai déjà quelqu’un et que je ne suis pas intéressé. » Jeune héritier dont la beauté et la fortune attiraient beaucoup de regards et d’envie, une proie facile sous sa gentillesse alors que les vautours continuaient de lui tourner autour, attendant le moment propice pour les dévorer les chairs. Seulement, l’enfant rêveur refusait de changer pour connaître la paix. Seul ce masque d’héritier était porté pour satisfaire sa famille, mais il ne pouvait se résoudre à devenir quelqu’un qu’il n’était pas autrement.

À l’approche de son amie, le princier se redressa, quittant son trône sous le raclement des pieds de sa chaise, offreur de spectacle aux plus curieux. Il passa un bras dans le dos de la demoiselle sans la toucher entièrement par respect. « je suis déjà avec cette personne, alors je souhaite pour présenter mes excuses pour ce temps perdu. le repas est déjà réglé, veuillez en profiter. » Doucement, les yeux glissèrent sur l’opaline de son amie, les pulpeuses doucement étirées. « merci d’être venue Jiha. sortons d’ici. » Des mots qui n’étaient destinées qu’à elle seule avant que ses talons résonnèrent contre le marbre jusqu’à la sortie.

Le regard se perdit alors sur les rares nuages présents, une grande inspiration relâchée par cette délivrance tardive. « tu as faim ? j’avoue que je n’ai pas eu le temps de réellement mangé. je t’invite pour te remercier. »

outfit     ✧  A compter en année: les rendez-vous arrangés. La communication téléphonique avec la mère est coupée, feindre l’envie d’une relation longue durée, une fois de plus. Tu as d’autres projets pour la soirée. Une fois encore, vouloir éteindre son samsung Z flip. Si les parents venaient à rappeler leur dire que le réseau a été momentanément coupé. Aimer ses proches mais n’avoir aucun mal à leur mentir pour se couvrir. Ils te font bien rire les codes dépassés des mariages que l'on arrange pour l’image, pour l’héritage, toi Jiha, tu es au dessus de tout ça.
Se croire au-dessus de tous du haut; de tes talons noirs compensés. Faut l’avouer, tu n’as aucun intérêt pour les hommes qui suivent ce que leur dictent leur parents plutôt que leur palpitant. Tu n’as jamais gardé contact avec l’un d’eux à une exception près: Song Wonho, l'exception qui confirme la règle.

Un appel à l’aide dont tu aurais parlé à ta mère (en d’autres termes, évidemment) si tu l’avais lu dans les secondes de sa réception; dommage. Ce soir tu portes une robe courte volante tombant au dessus des genoux mais tu te changes pour mieux adapter la tenue à l’occasion; sublime robe de soirée.
Arrivée à destination, les talons qui claquent sur le sol, les pupilles qui balayent la salle sans même adresser un regard au serveur, s’avancer vers l’héritier. Quelle occasion ? Celle de se montrer. « Enchantée. » Enchantement artificiel; montrer à la prétendante à la couronne  qu’elle ne peut ni t’égaler ni te surpasser. Bien qu’il s’agisse d’une relation factice et quand bien même il n’y ait aucune place à prendre aux côtés du jeune homme. « Oui allons-y. » Ne pas s’éterniser, tu suis le jeune homme sans pouvoir t’empêcher d’adresser quelques mots à la jeune femme. « En espérant que ce léger désagrément ne vous coupe pas l’appétit. » Provoquer ou le penser vraiment ? Laissée en plan, elle croira ce qu’elle voudra.

Deux âmes libres à l’air libre. « Je n’ai pas mangé, je te laisse le choix du restaurant digne de cette robe. » Tu fais un tour sur toi-même, chevelure ébène virevolte. « Tu as vu ? J’ai sorti le grand jeu pour te sortir de là. » Fausse prétention mais quiconque te connaît réellement, le sait. « Profitons de ce repas pour souffler. » Lippes qui s’étirent dans un sourire sincère, être soit même devant ceux qui le (te) méritent.

outfit     ✧  Tendre sauvetage tant apprécié. Les rôles imposés par les contes s’inversaient sous la tutelle de la bienveillance qu’ils partageaient dans cette étrange amitié. Jeune héritier en détresse, arraché aux mains putrides de son quotidien tortionnaire par sa majesté éthérée. Son éducation rythmait pourtant ses faits et gestes, peu désireux de se montrer irrespectueux envers ces prétendantes qui ne pouvaient qu'espérer siéger aux côtés d’un roi sans couronne. Les mêmes répétitions, des gestes d’une habitude qui les avaient façonnés à la perfection. Hilarante mascarade dont sa psyché se riait avant de lui souffler dans un murmure silencieux que ces rendez-vous arrangés étaient certainement sa seule chance de se dérober aux mains assassines de la solitude.
Un souffle profond remplit les poumons jusqu’alors restreints de chaînes de ses devoirs. L’imagination du bruit métallique contre l’asphalte ; une liberté méritée après ces premiers pas vers un enfer que tous deux connaissaient trop bien. Ses pulpeuses s’étirèrent dans un sourire reconnaissant, continuant silencieusement de remercier son amie.

Le regard glissa alors sur les tissus, un toucher d’innocence quand il ne pouvait profaner la silhouette de son amie. « comme toujours, tu es la meilleure. » Aucune moquerie de faux semblant par ces mots qui sortaient directement depuis de myocarde de l’innocent. La liberté s’était déposée sur les traits de l’opaline, traduite par ce sourire qui peinait à disparaître des pulpeuses. « je te proposerais bien le restaurant duquel on vient de sortir il parait qu’il est excellent, hélas. mais je crois que j’ai mieux. » Une furtive pensée s’était glissée dans la psyché, recommandant un établissement que ses pas avaient déjà foulé maintes fois ─ le restaurant familial d’un ami adoré. Si l’idée possédait un goût tendre dans l’imagination de l’héritier, ils risquaient fortement de se démarquer par leur tenue bien trop habillée pour l’endroit. « suis-moi, je suis garé non loin. » Tendre gentleman guidant sa princesse, le véhicule fut rapidement retrouvé ; il lui ouvrit la portière avant de les conduire jusqu’à cette nouveauté fraîchement ouverte et luxueuse. Ils se retrouvèrent sur un rooftop qui hurlait à la notoriété et la richesse, mais aux tables assez isolées pour se permettre les folies de ce monde. Ils finirent tous les deux autour d’une table qui leur offrait une vue à couper le souffle. Le meilleur pour remercier sa sauveuse. « personne ne peut nous juger ici puis c’est mieux qu’un mcdo j’imagine. tu mérites le meilleur, encore merci. »